Interview de D. Oton, top-pilote Caminade Band of Riders

Comme vous le savez, Band of Riders est partenaire du team TransBiking-Caminade pour cette année 2013.

Engagé notamment sur les Enduro World Series, le team catalan a plutôt bien débuté sa saison et pour en savoir un peu plus au sujet de leurs vélos, de leurs ambitions et de leurs valeurs humaines nous avons rencontré Damien Oton, le top-pilote du team, qui s’est gentiment prêté à un jeu de question-réponse que nous lui avions préparé…

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Bonjour Damien !
D’abord bravo, car le WE dernier tu as encore fini de la 3e manche du championnat espagnol d’enduro ! Du coup, tu confortes ta 1e place au classement général. Cela fait quoi de finir devant Monsieur Cedric Gracia himself ?
Au début un peu bizarre car CG représente une sorte de modèle dans le VTT, il traverse les générations et montre toujours le même enthousiasme à rider. Donc quand tu te retrouves devant tu te sentirais presque un peu gêné mais après tu oublies vite, tu es un pilote, un compétiteur comme lui, tu es la pour être le premier, il n’y a aucun complexe à avoir, mais tu es quand même fier ! Et puis le Caminade One4All 26” devant le Santa Cruz Bronson 27,5” ce n’est pas rien !

L’an dernier tu étais pilote « amateur », cette année tu es pro. Concrètement ça veut dire que tu consacres tout ton temps au VTT et à ton team ? Cela représente combien d’heures par semaine ?
Je m’entraine tous les jours, en vélo ou en course à pied l’hiver. Je fais de la mécanique, je teste de nouvelles choses et solutions de prototypage, bref je ne m’ennuie jamais. Quand à dire combien d’heures, je ne sais pas.

Cela change quoi dans ton approche des compétitions ?
Je suis plus cool, j’arrive la semaine avant la compétition, je peux reconnaitre le terrain aussi avant dans l’année, j’ai le temps de tout préparer et je ne suis plus toujours à courir partout et arriver le vendredi soir à minuit la veille des courses. En plus j’ai à ma disposition grâce à notre partenaire ALLTRICKS.fr un camion que j’ai aménagé avec tout le matériel. C’est le top !

On imagine que pour en arriver là, hormis ton talent évident, tu es surtout un sportif de haut niveau, ça doit être des heures et des heures d’entraînement… Raconte-nous un peu comment se déroule une journée type de top pilote ? Suis-tu des plans d’entraînements relativement stricts ?
Je m’entraine la moitié de la journée ou alors je fais du bi-quotidien selon mon programme. Brice et Laurent travaillent avec moi pour mettre au point mon entrainement et l’adapter aux objectifs et à mes sensations. Le reste du temps je travaille sur la mise au point des vélos ou leur entretien, je fais aussi pas mal de travail de communication avec de la vidéo et des photos, c’est un aspect important.

L’an dernier tu finis à une belle seconde place au général championnat UCC de Descente Marathon alors que tu étais pilote pour NGN (feu la marque Engine-lab) sur un bike en alu. Cette année, retour aux sources avec un cadre en acier : hormis leur matière quelles sont les différences notables entre ces deux vélos ?
L’acier apporte un comportement complètement différent au vélo dû à la souplesse du métal lui permettant de filtrer les petites vibrations, il est ainsi plus facile de maintenir sa vitesse sans pédaler. La suspension marche beaucoup mieux en descente : l’amortissement fait penser à un vélo de DH mais au pédalage elle vient se caler sur un point neutre à 28% favorisant les relances. Un gros travail de mise au point a été nécessaire et nous sommes encore en train de faire de l’acquisition embarquée pour l’améliorer… Il faut travailler pour l’améliorer et avoir le meilleur vélo une fois en vente à la rentrée. C’est tout l’intérêt, donc tu acceptes d’avoir des problèmes, tu les résous, tu avances et c’est ça qui est stimulant, tu n’es pas qu’un simple pilote.

Parlons justement de ton nouveau vélo : le One4All de Caminade que tu es le seul sur terre à ce jour à avoir la chance de piloter. Fabrication française, cadre acier, 150 de débattement, roues montées par un spécialiste français (topwheels). Allez ! Dis-nous tout : il est comment à rouler ?
Comme je viens de le dire les deux vélos n’ont rien à voir, le One4All surpasse de très loin l’Engine-Lab, en plus nous pouvons l’équiper avec des composants très haut de gamme, alors au final je roule sur un vélo d’exception. Tu as presque des scrupules à le mettre dans les cailloux tellement il est beau !

Concernant les suspensions, le choix du team s’est porté vers Suntour…Participes-tu également à leur programme de développement dans le « haut de gamme » ? Comment Suntour récupère-t-il tes impressions ?
Oui Caminade a intégré le programme Werx c.a.d. la structure compétition de chez SR-Suntour. Nous bénéficions ainsi des tous nouveaux prototypes des produits et nous participons à leur mise au point. Par exemple cette semaine Sr-Suntour est chez nous à Ille pour une semaine entière de tests terrain et de développement produits. Nous travaillons notamment sur l’optimisation de l’amortisseur pour le One4All et des nouvelles fourches 2014.

En tant que pilote pro, tu es non seulement engagé le WE sur les différentes épreuves, mais tu participes aussi au développement produit Caminade. Raconte-nous en quoi consiste ton boulot de metteur au point ? En quoi tu aides les ingénieurs de Caminade à améliorer leurs montures ?
Nous programmons des séances de roulage quotidiennes avec des objectifs d’entrainement physique mais aussi des objectifs de test et validation de solutions techniques. On roule les matériels dans différentes configurations, on les compare, on essaye de nouvelles choses. On travaille aussi avec un système d’acquisition embarqué de données pour ne pas se fier uniquement à mon ressenti de pilote. Il est important de mettre en opposition le factuel  des données avec ses impressions terrain.
Les courses servent de validation grandeur nature, et si la solution adoptée passe le test de la compétition alors c’est que nous ne sommes pas très loin de la vérité. En course tu roules toujours plus vite qu’à l’entrainement, tu mets le vélo à la limite et les terrains sont très variés et exigeants pour le matériel.

J’ai entendu dire que ta mission en Février-mars derniers consistait à atteindre les limites mécaniques et donc détruire un one4all à grands coups de pierriers et autres réceptions foireuses ? info ou intox ?
C’est un peu vrai, les premiers prototypes ont été testés au delà des limites du raisonnable, suspension bloquée avec des sauts, passerelles…

Et finalement qu’as-tu réussi à casser ?
Rien, ni le matériel, ni le pilote. Après sur les protos on essaye des choses donc parfois on casse mais on s’y attend. C’est nécessaire pour mettre en production des solutions fiables et pérennes pour nos clients.

Donc le one4all est au top ! Et ça tombe bien car les EWS battent leur plein. Le vélo va bien, comment se sent le pilote ?
J’arrive petit à petit à un point haut de forme, mon entrainement paye, j’ai pu le vérifier récemment en Espagne aux Mondraker Enduro Series en gagnant la manche de Gavarres devant CG.
Mais les EWS sont très exigeantes et le niveau très très relevé, tous les top pilotes sont là et personne ne lâche rien.

Quels sont tes objectifs sur cette épreuve cette saison ?
Comme tous les participants, tout donner pour faire les meilleurs résultats possible, surtout que j’ai la chance de disputer les EWS dans leur intégralité, y compris les manches aux USA et au Canada.

A Punta Ala tu finis 36ème sur plus de 400 participants, avec un plateau de fous-furieux. Barel semblait intouchable, mais finalement tu termines à une trentaine de secondes du podium seulement… Comment expliques-tu ces 30 secondes ?
Le week-end avant nous avons eu des problèmes de matériel à Métabief où j’avais chuté. La semaine avant la course a été stressante pour tout remettre en place et le tracé de Punta Ala n’autorise aucune faiblesse, dur physiquement et très engagé techniquement. Nous en avons tiré les enseignements et on sera bien prêt pour la deuxième manche ce week-end au Val d’Allos. Fabien Barel avait super bien préparé Punta Ala, il n’a eu aucun problème, ça a payé.

Peux-tu expliquer à des VTTistes amateurs ce qui peut faire la différence sur une épreuve des EWS ? On atteint un tel niveau de préparation et de matos que les écarts sont très faibles…
Les écarts sont faibles car en effet tous les top pilotes sont très bien préparés, nous sommes à présent beaucoup de professionnels donc le niveau monte c’est logique. Quand tu es pro tu peux venir à un autre moment de l’année reconnaitre le terrain, tu arrives tranquillement la semaine avant la course, tu penses vélo, tu vis vélo, tu n’as pas tous les problèmes de ta vie quotidienne avec ton autre métier à gérer. Pour gagner il ne suffit pas d’avoir une bonne prépa et un matos au top, il faut être serein dans sa tête et reposé au maximum pour tout donner le jour de l’épreuve.

Un pronostic personnel sur la prochaine ?
Il va falloir tenir physiquement tout le week-end, ne pas tomber et ne rien casser. Je dois apprendre à mieux gérer et à ne pas rouler tout le temps on/off pour ne pas partir à la faute. Ensuite je suis là pour tout donner et faire quelque chose, on verra.

Ton team manager te gâte car en plus du championnat espagnol d’enduro et des EWS, tu es annoncé au départ de plusieurs Mega et Maxi ?
Oui j’ai une bonne structure avec Transbiking et Caminade. La Megavalanche de l’Alpe d’Huez est un gros objectif, mais tout y est tellement aléatoire que tu dois avoir aussi la chance avec toi pour bien faire.

Comment est équipé le one4all pour ce format d’épreuve qui change des enduros classiques ?
Une fourche SR-Suntour Durolux en 160mm, des roues Topwheels plus costauds avec les pneus Maxxis qui conviennent, des freins Magura MT6 avec des disques de 200mm au lieu de 180mm, rien de spécial en fait… Il n’y a pas vraiment de règles. A Punta Ala le terrain était tellement défoncé qu’une fourche rigide et avec du débattement était nécessaire.

Revenons-en à toi.  Tout ça fait un programme bien chargé ! Entre tout, il te reste un peu de temps pour les loisirs et ta petite famille ?
Oui je m’organise et puis c’est un vrai travail qui m’occupe toute la journée donc le soir je suis à la maison. Après sur des déplacements ma copine essaye de m’accompagner. Elle est venue à Métabief et Punta Ala et sera avec moi aux USA/Canada cet été. Donc c’est plutôt mieux qu’avant !

Tiens d’ailleurs, ça a quoi comme loisirs un top-pilote ? Réponse VTT interdite !
De la course à pied en montagne ! Sérieusement la vie de tout le monde, voir mes amis, sortir, manger de bons petits plats, lire et s’intéresser à pleins d’autres choses que le vélo.

L’aventure avec Caminade ne fait que débuter, mais comment imagines-tu ton avenir en tant que pilote ? D’autres disciplines t’intéresseraient-elles ?
Pour l’instant je démarre ma carrière pro dans l’enduro, j’ai encore beaucoup de choses à apprendre, je veux faire des résultats en me faisant plaisir, après on verra. J’aime le vélo sous toutes ses formes. En 2012 j’ai participé à la Transvésubienne, pourquoi ne pas le refaire en 2014. Après il y a de plus en plus de courses, il ne faut pas se disperser, à vouloir tout faire on n’arrive à rien.

Au sein du team tu es épaulé par Brice et Laurent, deux garçons très expérimentés et fort justement reconnus dans le milieu du VTT. Quel est leur rôle dans ta préparation ?
Comme je l’ai dit ils travaillent avec moi sur la préparation physique. Avec Brice on travaille beaucoup sur la mise au point des vélos car c’est quand même le boss de la R&D chez Caminade ! Et puis on va rouler souvent ensemble et on se met aux limites en se tirant la bourre. On a aussi prévu d’aller faire de beaux trips VTT, vous en saurez plus d’ici fin de l’année. 🙂

Et qui gagne quand vous vous tirez la bourre ?
Le top pilote bien évidement, sinon je suis licencié hé hé !

Vous faites ça à armes égales ?
Laurent a beaucoup roulé le 29” pour sa mise au point, il ne le lâche pas donc il est quand même avantagé dans certaines parties par rapport à Brice et moi en One4All. Laurent a quand même fait 10ème de la Transvésubienne cette année sur le SimpleTrack.

Et t’arrive-t-il de le piloter ce Simpletrack (29″) ? Quelles sont tes impressions au sujet de ce vélo ?
Oui j’ai un SimpleTrack en taille S/M pour mon entrainement, c’est un super vélo avec sa géométrie pour une fourche en 120mm, sa tige de selle télescopique et son cadre en mélange de tubes acier Reynolds et Colombus offrant souplesse et rigidité. C’est vraiment une arme qui passe partout et très efficace. J’adore ce vélo !

Damien, avant de te remercier pour ta disponibilité, j’ai une dernière question : si Caminade n’existait pas, quel VTT aimerais-tu piloter ?
Difficile de répondre car je ne me suis pas posé la question. Quand tu as commencé à travailler avec une entreprise telle que Caminade, à tout savoir sur le développement des vélos et leur fabrication, à pouvoir donner ton avis, à être consulté, sollicité, je pense que ça serait dur de revenir en arrière. Caminade est un peu comme “une famille” et puis les vélos tellement différents de ce qui se fait. Vous verrez quand vous les aurez essayé !

Merci Damien ! Chez Band of Riders, nous te souhaitons ainsi qu’à tout le team une très belle saison, avec des résultats à la hauteur de vos attentes et de vos efforts 😉

Retrouvez les tenues de Damien (et du team Caminade) :

allmountain-tb (1)racer-team-transbiking

oton_podium– Damien vainqueur de l’enduro de Maçanet de Cabrenis –

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2 réponses à Interview de D. Oton, top-pilote Caminade Band of Riders

  1. Creusy Alex (The RacingWolf) dit :

    Bravo a damien qui n’est pas qu’un top pilote mais aussi un mec au top qui n’hésite pas a te conseiller le meilleur pour toi mec!!!

  2. yannick dit :

    c’est clair il est au top j’espere qui sera dans le top 10 ce week end

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